Dean Flemming, Contextualisation dans le Nouveau Testament, Charols, Excelsis, 2021, 472p.
Les débats sur la contextualisation en missiologie, depuis l’introduction de ce néologisme en 1972, sont dominés par les sciences humaines, avec très peu de contributions des sciences bibliques. Pourtant, depuis l’intégration des approches sociologiques dans les sciences bibliques, les biblistes ont formellement reconnu qu’il est impossible d’étudier les textes bibliques sans tenir compte de leurs contextes socio-culturels et de l’insertion de leur message dans ces divers contextes. En d’autres termes, les textes bibliques sont des textes « contextualisés » dans le temps et dans l’espace. Mais cette prise en compte du contexte dans l’étude de la Bible n’est pas suffisamment mise au profit de la réflexion missiologique. Une partie du problème est liée au fait que les biblistes s’intéressent peu aux questions missiologiques et que les missiologues n’ont pas forcément les compétences exégétiques nécessaires pour faire le travail des biblistes. L’ouvrage de Flemming est à situer dans la recherche interdisciplinaire entre les sciences bibliques et la missiologie. L’auteur met au service des débats sur la contextualisation sa spécialité de bibliste et de missiologue.
Il est notable que depuis la parution de l’ouvrage de Flemming il y a quinze ans, peu de textes ont paru sur le sujet dans cette même veine. L’auteur a donc produit un des rares textes sur notre sujet du point de vue biblique et de plus, un texte solidement ancré dans la tradition interprétative évangélique.
Flemming ne tente pas simplement de s’inspirer des auteurs bibliques ou de les imiter dans leur démarche de contextualisation. Il va plus loin. Il nous montre comment fonder cette entreprise théologique délicate sur les principes biblico-théologiques qu’on peut dégager des auteurs néotestamentaires. Flemming est soucieux du rôle que joue la Bible pour arbitrer ce débat. Il est convaincu que la Bible elle-même doit donner forme à notre manière de penser et de pratiquer la contextualisation. Fort de cette conviction, l’auteur apporte une contribution remarquable et originale à la réflexion sur un sujet qui suscite de nombreux débats. Ce faisant, il montre la pertinence des sciences bibliques pour la missiologie et vice versa. Il rappelle qu’au cœur des textes néotestamentaires se trouve une dynamique missionnaire qui tient compte de l’universalité du message unique de l’Évangile et de sa pertinence pour chaque contexte humain. Les quatre évangiles canoniques qui racontent le même message de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, de manières différentes, en témoignent. Les prédications contextualisées du livre des Actes et les autres écrits néotestamentaires font ressortir la même perspective.
Il faut rappeler que les protestants évangéliques ont eu bien des réticences à intégrer le concept de contextualisation dans les années 1970 et 1980, du fait que ce néologisme était né dans les milieux œcuméniques. Cependant, la parution d’un ouvrage comme celui de Flemming les a sans doute aidés à mieux prendre en compte ce concept, notamment à cause de la prise au sérieux du témoignage biblique. Cet ouvrage est devenu le livre de référence pour tous ceux qui veulent étudier la notion de contextualisation d’un point de vue biblique.
Tiré de la préface par McTair Wall